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Trois Coccinelles

Singing in the rain

20 Mai 2012, 21:07pm

Publié par Trois Coccinelles

 

Ce dimanche libre aurait dû être une journée bien remplie. Au programme : grand nettoyage de printemps avec tout ce que cela comporte ! Tant pis si les rideaux sèchent plus lentement par manque de soleil ou si quelques gouttes de pluie tombent sur les vitres nettoyées !

 

Cependant, en ouvrant les volets tôt ce matin, des nuages sombres et gris m’accueillirent et m’invitèrent à allumer la lumière. En prenant mon café ça a commencé à cogiter dans ma tête et finalement une petite voix me dit que cela n’est vraiment pas le jour pour exécuter mon programme. Comme c’est agréable d’écouter sa petite voix intérieure en pareil cas. Alors j’ai décidé de me laisser aller et de faire ce qui me passe par la tête.

 

C’est J.S.Bach qui s’est présenté en premier. On a passé plus d’une heure ensemble et le staccato de quelques inventions que j’aime particulièrement ce temps-ci fut l’annonciateur de la suite de ma journée improvisée.

 

Après un déjeuner, préparé avec soin, alors que le ciel toujours gris me suggère de rester à la maison, je pense au film de Sacha Guitry « Si Versailles m’était conté » que j’ai vu pour la énième fois la veille. Ce serait une idée de me rendre au Parc de Versailles avec mes bâtons pour faire la marche nordique. La voix particulière de Monsieur Guitry sonnait toujours dans mes oreilles et je pense qu’il aurait fait une remarque plutôt ironique en voyant des gens qui font leur jogging ou leur marche nordique dans ce magnifique parc – il aurait eu sans doute raison.

 

Je suis pratiquement toute seule au parc, le temps ne se prête vraiment pas à la promenade. Je pense aux tueurs en série dont parlent parfois les journaux et me dis qu’aujourd’hui, ce serait très simple de rajouter une autre victime à leur palmarès. Toutefois, mes bâtons ont des pointes assez dangereuses, et je saurais probablement me défendre. Je sais que dans les romans de Georges Simenon, les crimes ont lieu en général à la tombée du jour ou lorsqu’il fait un temps comme ce dimanche. Je suis toutefois d’un autre avis, les assassins ou malfaiteurs font  rarement leur besogne pendant la pluie. Bon, je me console le mieux que je peux.

 

J’avais bien regardé ma montre en partant pour faire demi-tour au bout de trente minutes. On ne sait jamais, s’il commençait à pleuvoir !? Je longe d’un pas décidé le Grand Lac tout en admirant les canards et un couple de cygnes. J’aurais dû amener mon appareil photo. Avec le zoom, je n’aurais même pas eu besoin de les déranger en m’approchant d’eux.

 

Arrivé au Grand Trianon, les premières gouttes commencent à faire leur apparition. Les quelques promeneurs s’abritent sous les arbres, d’autres ouvrent leur parapluie, il y a même un jeune homme qui fait du vélo avec son parapluie ouvert ! Les allées sont vides et je marche sous les arbres avec mes bâtons. Je ne risque pas grand-chose, je me sens bien équipée grâce à mon blouson imperméable, ma casquette et ma capuche. On devrait inventer des essuie-glaces pour les lunettes, mais ma casquette fait bien l’affaire.

 

Entre-temps, il s’est mis à pleuvoir des cordes. Les chemins ressemblent à des lacs sur lesquels les gouttes tombent et sautent joyeusement. Moi aussi je saute mais pour éviter les flaques d’eau. Il n’y a plus question de regarder le paysage, chaque pas est à étudier avant de poser son pied. Finalement, je m’arrête sous un arbre comme les autres. Je contemple le spectacle de l’averse, c’est magnifique d’observer cette chorégraphie improvisée par la pluie. Les cygnes voguent lentement sur le lac, on dirait qu’ils savourent les grosses gouttes qui tombent et glissent sur leur plumage.

 

Mais je n’y tiens pas longtemps. Mes jeans sont trempés comme mes basquets. Ce sont les cuisses que l’on ressent en premier, en effet, le haut des jeans prend tout en marchant. J’ai froid, alors au point où j’en suis, je continue. D’autres personnes font comme moi, on se croise, on se regarde et on se sourit, c’est un sourire complice et joyeux. Je m’interroge pourquoi la pluie incite les gens à saluer les autres or, quand il fait sec et le soleil brille, personne ne regarde les autres passants?

 

Je retrouve ma voiture toute propre, elle aussi semble joyeuse. Je mets le contact et voilà que s’ajoutent Satchmo et Ella Fitzgerald chantant ensemble Summertime. Manquait encore Gene Kelly chantant sous la pluie. Comme quoi, il ne faut pas grand-chose pour passer un bon dimanche…