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Trois Coccinelles

Portes disparues - Epilogue

17 Juin 2010, 16:41pm

Publié par Trois Coccinelles

 

 

 

Le lendemain de ces événements poignants, le soleil s’était levé tôt dans un ciel sans nuages. Sumito le regarda, ému, quelque chose avait changé, ses rayons ressemblaient étrangement à ceux qu’il avait si souvent pu observer dans son pays natal. Une petite nostalgie l’envahit, tout ce qui s’était passé ces dernières heures l’avait bouleversé. Il n’était pas dans ses habitudes de parler de ses sentiments ou de son intimité. Mais il l’avait fallu et il avait trouvé en Lockcher un homme de confiance.

 

Pendant que la nostalgie s’emparait de Sumito, il entendit soudain les sons d’une musique qui lui était très familière. Est-ce qu’il rêvait ? Est-ce que c’était le ciel ou ce soleil levant qui voulait l’apaiser ? Il avança alors doucement vers ces beaux sons lyriques et vit dans la cour une longue cithare en forme de dragon tapi, un koto !

 

Rosine était penchée dessus et jouait de toute son âme, ne regardant que les cordes, elle ne faisait qu’un avec cette harpe japonaise. Puis, elle se mit à chanter une belle ballade qui demandait pardon à son bien-aimé, qui voulait remplir l’espace du monde entier de son amour. Les yeux de Sumito se remplirent de larmes, il se dirigea vers elle, la prit par la main, l’amena dans son nid en sachant que plus aucune porte ne pourrait désormais les séparer.

 

A l’instant où les deux amants étaient en train de se pardonner tout ce qui leur passait par la tête - même les pêchés que ni l’un ni l’autre n’avaient commis, le commissaire Lockcher arriva à son bureau. Il posa ses affaires et – ignorant son cigare qui l’attendait toujours dans son gros cendrier – frappa à la porte de sa secrétaire, Madame Baudouin. En le voyant entrer, elle était toute étonnée. Qu’arrivait-il au commissaire ? Était-il malade ? En plus, il voulait voir l’avancement de son abécédaire, chose qu’il ne demandait jamais !

 

Son regard était doux comme jadis, lorsqu’ils plongeaient ensembles en apnée, dans les profondeurs des mers pour admirer la faune aquatique. Il lui demanda de ranger son ouvrage, la prit par la main, ferma les portes de leurs bureaux et partit avec elle passer une belle journée dans le jardin de Claude Monet à Giverny. Il voulait l’amener sur le Pont Japonais qui faisait partie de ces « ponts clair de lune », car le cintre permet de laisser passer les rayons de lumière et le reflet de la lune. Elle l’avait bien mérité après tous ces événements !

 

A la même heure, la sonnette de la vieille dame à la boule de cristal se mit à sonner. Cette fois-ci, elle ouvrit immédiatement. Elle savait que XY tiendrait parole. En effet, il était là, souriant, avec sa grosse caisse à outils. Il se mit aussitôt au travail et en peu de temps les volets de la vieille dame s’ouvraient et se fermaient sans accroc. C’était du travail de professionnel ! Il avait amené également deux pots de peinture et en un rien de temps, la première couche était appliquée.

 

Pendant que XY réparait, ponçait et peignait les volets, la vieille dame s’était affairée dans la cuisine en chantant le dernier refrain de la chanson de Pierre Perret : Blanche

 

Blanche oh ma Blanche
Sauvage au rouge cœur
Le piment de tes lèvres
Est resté en mon cœur

 

La lumière était revenue dans sa vie. Dorénavant, elle pourra ouvrir tous les matins ses volets et les fermer quand elle voudrait lire dans sa boule de cristal. Elle était heureuse et dressa la table en choisissant sa plus belle vaisselle. La joie de la vieille dame était communicative et lorsque XY se mit à table, il savait qu’il reviendrait souvent voir cette dame seule, parce que jamais dans sa vie, il n’avait mangé un bœuf-carottes-navets aussi savoureux.  En plus, son travail d’indic serait facilité grâce à sa boule de cristal !

 

Fin