Le salon de la campagne

Trois coccinelles se rencontrent dans un jardin, elles bavardent :

- Alors, vous avez été au Salon de l’Agriculture ?

- Non, il y a trop de monde

- Ce n’est pas étonnant, on peut y manger pour rien

- C’est vrai, on propose bien de friandises aux visiteurs

- Ils auraient tort de s’en priver

- Surtout en temps de crise, on fait des économies comme on peut

- Les politiciens aussi y vont en grand nombre

- Tu parles des candidats à l’élection présidentielle ?

- Mais oui, accompagnés de leurs fidèles

- Tu sais, il faut dès fois faire plaisir à ses fidèles pour qu’ils restent fidèles

- C’est vrai, il y a des experts en séduction, et on peut vite devenir infidèle

- Surtout en politique

- Comme partout ailleurs, remarque

- Pourtant, les politiciens aiment les paysans, c’est bien connu

- Oui surtout avant les élections

- Et on voit combien ils s’intéressent spécialement aux vaches  

- Il y en a qui n’hésitent pas de mettre la main à la brosse et au tuyau pour les laver

- Comme si les éleveurs ne l’avaient pas fait avant

- Tu crois que c’est du cinéma ?

- C’est possible, il y en a qui font semblant

- Les uns cherchent le bain de foule et les autres donnent des bains, tu comprends ?

- Pourtant on dit qu’il faut économiser de l’eau

- Entre ce que l’on dit et ce que l’on fait, il y a un certain décalage

- Mais c’est fini, les pauvres bêtes vont rentrer au bercail

Et le hérisson s’en mêle :

- Je les pleins les animaux de la ferme, ça ne doit pas être bien marrant de se laisser regarder et toucher par tout le monde. Ils n’ont pas de chance, eux. Je ne pense pas que j’aurais autant de succès, on se garderait bien de me caresser…

Et les coccinelles répondent en chœur :

- Nous, on n’est pas si sûr que ça. Pour se faire bien voir, il y en a qui osent de caresser n’importe quel hérisson dans le sens du poil du moment que ça leur sert à faire de l’effet – même si ça pique – pas vrai ?