Port Royal des Champs

Le site de Port-Royal des Champs est situé dans les Yvelines à 36 km de Paris. Peu de vestiges subsistent de cette célèbre abbaye, mais il est facile d'évoquer la vie de jadis qui s'y est déroulée il y a plus d'un siècle.

En 1204, une l'abbaye, destinée aux religieuses cisterciennes, a été fondée à Parrois par Mathilde de Garlande, veuve de Mathieu de Montmorency. On suppose que le nom Parrois signifiait « lieu où croissaient les poireaux ». Il devînt par la suite Port-Royal en raison de l'appui que lui ont apporté les rois de France. L'abbaye était alors considérée comme simple extension féminine de Vaux de Cernay, l'abbaye masculine.

Grâce aux terres agricoles et forestières dont était propriétaire l'abbaye, elle devient une des plus puissantes du bassin parisien. Les « dames de Port-Royal » étaient des religieuses qui y ont rang de seigneurs qui reçoivent foi, hommage, aveux et dénombrement. Aussi avaient elles converti leurs biens en rentes qui étaient transformées en prêts. Ainsi, elles exerçaient l'activité d'une banque. Elles y ont mené une existence des plus mondaines où le cloître est devenu un promenoir, le jeûne une pratique périmée, le vœux de pauvreté une obligation difficilement compatible avec les exigences des réceptions amicales. On fête même le carnaval...

Cependant, la guerre de Cent Ans, les épidémies, l'insalubrité, les difficultés économiques menacent la vie de l'abbaye. C'est Jacqueline Arnauld (mère Angélique) qui devient coadjutrice à sept ans et demi, puis abbesse de l'abbaye en 1602 à l'âge de onze ans. Elle entreprend en 1608 la réforme de l'établissement en rétablissant la stricte observation de la règle de saint Benoît, la pauvreté, la vie communautaire et la clôture. Port-Royal est la première communauté de femmes réformée en France.

Les "Solitaires" s'installent en 1638 à Port-Royal des Champs, dans l'abbaye abandonnée par les religieuses, pour y mener une vie d'étude et de prières. Ils entretiennent les bâtiments, font drainer le fond du vallon et entreprennent de rehausser le sol de l'abbatiale. Au retour des religieuses en 1648, les Solitaires se retirent dans la ferme des Granges. Il se consacrent à l'éducation des enfants tel que Jean Racine et créent les « petites écoles ». Aujourd'hui, ce bâtiment héberge les collections du musée. Devant ce dernier se trouve un Cèdre du Liban dont la longévité est de 350 ans. Il est apparu sur la terre il y a 11.000 ans au paléolithique supérieur.

La ferme des Granges, exploitation agricole principale de l’abbaye, a conservé sa vaste grange à blé médiévale. Les principaux bâtiments qui forment la cour ont été construits entre le XVIIe et XIXe siècle. Au centre de la cour, le Puits de Pascal, reconstruit au XIXe siècle, évoque les séjours de l’illustre écrivain. Il est nommé ainsi en raison du mécanisme créé par Pascal pour les élèves qui permettait de puiser à l'aide de deux grands seaux une quantité d'eau très importante. A côté de la grange se trouve le verger, créé par Robert Arnauld d'Andilly au milieu de XVII siècle et reconstitué en 1999.

Le musée fait découvrir Port-Roayl des Champs : son histoire singulière et celle de ceux qui en ont été proches, tels que Jean Racine et Blaise Pascal. Plusieurs œuvres ont été exécutées par le peintre Philippe Champaigne (1602-1674), Madeleine Horthemels et Jean Restout (1692-1768) qui illustrent l'histoire du jansénisme au XVIIIème siècle.

Pour atteindre les quelques vestiges de l'abbaye, il faut descendre les Cent-Marches, qui relient les Granges au site de l’abbaye. Son cadre naturel, les fondations de l'église abbatiale, construite au début du XIIIème, et l'imposant pigeonnier invitent toutefois à s'y attarder.

Les religieuses se retiraient une heure chaque jour en ce lieu (ci-dessous), situé dans le bois dit « de Solitude ». C'était le seul endroit où elles étaient autorisées à parler.