Lundi de Pentecôte

Trois coccinelles se rencontrent dans un jardin, elles bavardent :

- C’est lundi de Pentecôte

- Encore un jour férié en France ?

- Mais non, ça suffit, on a supprimé le lundi de Pentecôte pour qu’on puisse travailler, mais c’est selon

- Il y a les uns qui travaillent et les autres pas

- Ah bon ?

- C’est qu’on travaille par solidarité pour les personnes âgées et handicapées.

- Ça c’est gentil, c’est une vraie solidarité

- Et comment ça se passe pour ces personnes ? On leur donne plus d’argent ?

- Indirectement, c’est selon le principe de ce qui est versé d’un côté est retiré de l’autre. C’est simple.

- Oui c’est simple.

- Il y en a qui disent qu’avec l’argent, ils ont colmaté le trou de la Sécurité sociale

- C’est normal, les personnes âgées et handicapées sont plus souvent malades

- Mais les camionneurs, eux, ils ne peuvent pas travailler

- Pourquoi ?

- Parce qu’il est interdit de rouler le samedi, le dimanche et les jours fériés en France

- S’ils veulent travailler un lundi de Pentecôte, il faut qu’ils attendent le mardi pour rouler

- Ou tourner en rond

- Mais l’argent que l’on récolte en travaillant ce lundi ne suffit pas

- Il faut peut-être sacrifier un autre jour férié pour avoir plus d’argent

- On en parle, il y en a même qui veulent faire un referendum

- Ce qui va encore coûter de l’argent

- Moi, j’ai une idée

- Laquelle ?

- On pourrait faire des concerts et l’argent récolté serait utilisé pour les personnes âgées

- Comme pour les restos du cœur ?

- Exactement, tout le monde peut acheter les DVD ensuite

- Bonne idée, et au lieu de faire un concert par an, on en ferait plusieurs 

- Et on appellerait ces concerts les « aïeules-thons »

- Ainsi ce ne sont pas seulement les salariés qui trinquent   

Et le hérisson s’en mêle :

- On travaille déjà sur un nouveau régime des retraites et il y aura des changements, le gouvernement réfléchit à tout ça, et ils vont certainement trouver une solution. Il paraît que l’opposition a la solution, mais elle ne veut pas qu’on la lui pique, alors c’est motus et bouche cousue.

Et les coccinelles répondent en chœur :

- Il y en a qui devraient plutôt penser à une certaine solidarité pour leurs compatriotes surtout s’ils veulent diriger un jour le pays. En attendant, les personnes âgées et les handicapés ne voient par grand chose, et les camionneurs sont obligés de se tourner les pouces au lieu de tourner avec leur bahut …